
Le chercheur spécialisé en développement et en gestion des ressources hydriques, Hussein Rehili, a déclaré que le problème du phosphate en Tunisie est avant tout structurel, soulignant que l’objectif de produire 7 millions de tonnes d’ici 2030 représente une avancée positive, bien que modeste.
Dans une récente déclaration accordée à Mosaïque FM, Hussein Rehili a évoqué les conclusions de la dernière réunion ministérielle qui a abordé le programme de développement de la production, du transport et de la transformation du phosphate pour la période 2025-2030. Le chercheur a estimé que le système du phosphate en Tunisie souffre de multiples problèmes techniques et de lourdes charges sociales, ce qui a conduit à une baisse significative de la production.
Il a par ailleurs jugé irréaliste l’objectif de 14 millions de tonnes de production d’ici 2030, s’interrogeant sur les moyens nécessaires pour atteindre ce chiffre ambitieux. “Avec quels efforts et équipements peut-on espérer parvenir à ce volume de production ?”, a-t-il lancé.
En ce qui concerne l’utilisation des eaux usées traitées pour laver le phosphate, Hussein Rehili a reconnu que cela constituait une option positive, mais a précisé que cette solution ne résoudra pas les problèmes de fond du secteur.
Il a précisé que la région de Gafsa dispose de seulement deux stations de traitement des eaux, avec une capacité de production de 11 000 mètres cubes par jour, alors que la Compagnie des Phosphates de Gafsa (CPG) nécessite 50 000 mètres cubes par jour pour assurer le lavage du phosphate dans de bonnes conditions.
Dans le but de sauver le secteur du phosphate et d’augmenter la production, Hussein Rehili a formulé plusieurs propositions structurantes. Parmi celles-ci, l’exploitation de la station de dessalement d’eau de mer de Skhira pour le lavage du phosphate, ainsi que l’adoption du transport hydraulique, qui représente une véritable révolution dans le mode de transport du phosphate. Cette dernière solution permettrait de réduire la pression sur les ressources souterraines et d’abandonner le transport ferroviaire, avec des gains environnementaux à la clé.
Le chercheur a également plaidé pour une restructuration de la Compagnie des Phosphates de Gafsa, en limitant son rôle à la production et à l’exportation du phosphate pour soutenir les finances publiques, tout en garantissant la continuité de la production. Cela impliquerait de réorienter l’entreprise, actuellement lourdement engagée dans des actions sociales au niveau local, vers un modèle plus axé sur la rentabilité et l’efficience.